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Temps fort n°1 – Approche pédagogique

1er temps fort du projet Erasmus+, cette 1ère journée est consacrée aux approches pédagogiques.

Public lycéen le matin. Enseignants et formateurs pédagogiques l’après midi.

  • 10h00 : Présentation d’une coopération lycéenne franco-polonaise création « Le livre hybride» du projet Erasmus+ par Viktoriia Lavrynenko, professeur du lycée de Pelplin et Christophe Vivian, professeur du lycée Golf Hôtel de Hyères et leurs classes.
  • 10h30 : Bibliomix : Lectures et Partage autour de « Petite Poucette» de Michel Serres avec une classe du lycée St Exupéry. Lecture à voix haute d’extraits par des bibliothécaires de la médiathèque. Médiateur : Bernard Vanmalle.
  • 13h30 : Présentation du projet européen en présence des partenaires des 5 pays
  • 13h45 : Intervention de Cristina Grigori : « Les jeunes Roumains et la lecture»
  • 14h00 : Présentation par Jean-Luc Velay, Chercheur CNRS en neurosciences cognitives à Marseille, d’une expérimentation sur la lecture des adolescents menée à Saint-Raphaël.
  • 14h30 : Présentation par Jeffrey Howson, consultant éducatif international, d’une « Expérimentation pédagogique de lecture numérique dans des écoles anglaises»
  • 15h30 : Présentation de la plate-forme eTwinning par Joël Mathieu et Maria Cristina Avrand de la Dareic, André Bertola de Canopé
  • 15h45 : En présence de Joël Mathieu, délégué académique aux relations européennes, internationales et à la coopération Remise des labels de qualité nationale et européenne aux dix professeurs porteurs de projets eTwinning avec des partenaires étrangers. Présentation par les lauréats de leurs projets
  • 16h30 : Présentation des projets des lauréats et découverte d’outils numériques avec des ambassadeurs varois sur les stands eTwinning

EXTRAITS DE PETITE POUCETTE DE MICHEL SERRES

Textes lus au lycée saint Exupéry de saint-Raphaël lors d’un débat avec des lycéens le 25/03/2015

Michel Serres, né le 1er septembre 1930, est un philosophehistorien des sciences et homme de lettres français, élu à l’Académie française
Il a écrit un Livre « Petite Poucette » qui parle des jeunes d’aujourd’hui face à la mutation numérique et porte un regard d’adulte positif sur l’avenir des jeunes.

PREMIER EXTRAIT

Les enfants (d’aujourd’hui) habitent le virtuel. Les sciences cognitives montrent que l’usage de la Toile, la lecture ou l’écriture au pouce des messages, la consultation de Wikipédia ou Facebook n’excitent pas les mêmes neurones ni les mêmes zones corticales que l’usage du livre, de l’ardoise ou du cahier. Ils peuvent manipuler plusieurs informations à la fois. Ils ne connaissent ni n’intègrent ni ne synthétisent comme nous, leurs ascendants.

Ils n’ont plus la même tête.

Par téléphone cellulaire, ils accèdent à toutes personnes ; par GPS, en tous lieux ; par la Toile, à tout le savoir : ils hantent donc un espace topologique de voisinages, alors que nous vivions dans un espace métrique, référé par des distances.

Ils n’habitent plus le même espace.

Sans que nous nous en apercevions, un nouvel humain est né, pendant un intervalle bref, celui qui nous sépare des années 1970.

Il ou elle n’a plus le même corps, la même espérance de vie, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde, ne vit plus dans la même nature, n’habite plus le même espace.

Né sous péridurale et de naissance programmée, ne redoute plus, sous soins palliatifs, la même mort.

N’ayant plus la même tête que celle de ses parents, il ou elle connaît autrement.

Il ou elle écrit autrement. Pour l’observer, avec admiration, envoyer, plus rapidement que je ne saurai jamais le faire de mes doigts gourds, envoyer, dis-je, des SMS avec les deux pouces, je les ai baptisés, avec la plus grande tendresse que puisse exprimer un grand-père, Petite Poucette et Petit Poucet. Voilà leur nom, plus joli que le vieux mot, pseudo-savant, de « dactylo ».

Ils ne parlent plus la même langue. Depuis Richelieu, l’Académie française publie, à peu près tous les vingt ans, pour référence, le Dictionnaire de la nôtre. Aux siècles précédents, la différence entre deux publications s’établissait autour de 4 à 5000 mots, chiffre à peu près constant ; entre la précédente et la prochaine, elle sera de 35 000 environ.

A ce rythme, on peut deviner qu’assez vite nos successeurs pourraient se trouver, demain aussi séparés de notre langue que nous le sommes aujourd’hui, de l’ancien français pratiqué par Chrétien de Troyes. (…)

Cette immense différence qui touche la plupart des langues tient, en partie, à la rupture entre les métiers des années récentes et ceux d’aujourd’hui. Petite Poucette et ses amis ne s’évertueront plus aux mêmes travaux.

La langue a changé, le labeur a muté.

DEUXIEME EXTRAIT

Que transmettre ? Le Savoir !

Jadis et naguère, le savoir avait pour support le corps du savant, aède ou griot. Une bibliothèque vivante… (…) Peu à peu le savoir s’objectiva : d’abord dans des rouleaux, sur des vélins ou des parchemins, supports d’écriture ; puis, dès la Renaissance, dans des livres de papier, supports d’imprimerie ; enfin, aujourd’hui, sur la Toile, support de messages et d’information.

L’évolution historique du couple support-message est une bonne variable de la fonction d’enseignement.(…) Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait.

Avec l’accès aux personnes, par le téléphone cellulaire, avec l’accès en tous lieux, par GPS, l’accès au savoir est désormais ouvert. D’une certaine manière, il est toujours et partout déjà transmis.

TROISIEME EXTRAIT

Pour la première fois de l’histoire, on peut entendre la voix de tous. La parole humaine bruit dans l’espace et par le temps. Au calme des villages du silence, où sonnaient, rarement, la sirène et la cloche, droit et religion, fille et fils de l’écriture, succède, brusquement, l’étendue de ces réseaux. Phénomène assez général pour que l’on y prête attention, ce nouveau bruit de fond, tohu-bohu de clameurs et de voix, privées, publiques, permanentes, réelles ou virtuelles, chaos recouvert par les moteurs et les tuners d’une société du spectacle irréductiblement vieillie, reproduit en grand le petit tsunami des classes et des amphis (…).

Ces bavardages, ce tohu-bohu annoncent-ils une ère, où se mêleront un second âge oral et de tels écrits virtuels ? Cette nouveauté va-t-elle noyer de ses ondes l’âge de la page qui nous formata ? Depuis longtemps j’entends ce nouvel âge oral émané du virtuel.

Voilà une demande générale de parole analogue à la demande singulière que les Petits Poucets font entendre depuis les écoles jusqu’aux universités, à l’attente des malades dans les hôpitaux ou des employés au travail. Tout le monde veut parler, tout le monde communique avec tout le monde en réseaux innombrables. Ce tissu de voix s’accorde à celui de la Toile ; les deux bruissent en phase. A la nouvelle démocratie du savoir, déjà là dans les lieux où s’épuise la vieille pédagogie et où la nouvelle se cherche, avec autant de loyauté que de difficultés, correspond, pour la politique générale, une démocratie en formation qui, demain, s’imposera. Concentrée dans les médias, l’offre politique se meurt ; bien qu’elle ne sache ni ne puisse encore s’exprimer, la demande politique, énorme, se lève et presse. La voix notait son vote sur un bulletin écrit, étroit et découpé, local et secret ; de sa nappe bruyante, elle occupe aujourd’hui la totalité de l’espace. La voix vote en permanence.

Conception

  • Association Les Ailes du vent et Ville de Saint-Raphaël.

Partenaires

  • Ville et Médiathèque de Saint-Raphaël (FRA)
  • Association « les Ailes du Vent » (FRA)
  • Zespol Szkol Ponadgimnazjalnych (Pelplin/POL)
  • Lycée Professionnel Golf Hôtel (Hyères/FRA)
  • Lycée Saint-Exupéry (Saint-Raphaël/FRA)

Photographies © Jean Belvisi / 2015

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